L’été , c’est bien connu, est une période peu fertile en sortie de nouvelles galettes, nos rockers favoris préférant arpenter les scènes ô combien lucratives de tous les festivals du monde ( et ce pour notre plus grand plaisir) et les responsables des maisons de disques se reposant d’une dure année de travail ( oui OK là j’avoue que j’exagère ! ).
Aussi quand dans ce désert discographique, on t’annonce genre « ah j’allais oublier » que le nouveau Jeff Beck vient d’arriver tu te dis :
primo : franchement t aurais pas du reprendre un pastis
secundo : c’est pas bientôt fini de me sortir de ma sieste à une heure aussi matinale
tertio : tu penses avoir rêvé qu’on te l’annonçait mais en fait tu as bien entendu mais c’est dur à croire ce genre de nouvelles !
Parce que pour une nouvelle c’est une foutue bonne nouvelle qui va ensoleiller définitivement tes vacances les pieds dans l’eau à Palavas Les Flots (c’est pour la rime ! )
Autant vous le dire tout de suite, il y a tout un tas de doués de la six cordes plus talentueux les uns que les autres, des besogneux de la Stratocaster aux funambules de la Lespaul qui jouent plus vite, plus fort, plus longtemps, qui connaissent sur le bout des doigts plus de gammes improbables et d’accords tarabiscotés que notre homme !
Seulement il faut avoir croisé un de ces cadors du manche à la sortie d’un concert d’ « El Becko » pour comprendre en observant leur regard encore embué d’émotion et leurs manières de petit garçon emprunté qu’ils ont trouvé leur maitre !
J’en connais même qui ne s’en sont jamais remis et ont mis leur matos en vente pour se convertir au banjo ou à l’ukulélé c’est vous dire…..
Mais revenons à l’essentiel, la musique et là, surprise y a du changement puisque Jeff Beck renoue avec un genre qu’il avait délaissé depuis des lustres : des chansons avec des textes dedans et donc forcément quelqu’un pour les chanter….la dernière tentative remontant à l’époque – 1985 – où il donnait la réplique à Rod Stewart sur une reprise du hit de Curtis Mayfield, People Get Ready.
Avec en plus son jeu inimitable, ce jeu si spécifique, cette façon si personnelle d’utiliser tous les doigts de la main droite, le pouce, l’index et le majeur pour attaquer les cordes, l’annulaire et l’auriculaire pour contrôler le volume et la tige du vibrato de sa Fender coincée au creux de sa main.Un jeu qu’il associe à un son pur par excellence puisque Jeff Beck déteste s’encombrer de pédales d’effet, se contentant d’explorer sans relâche les possibilités de ses amplis.
Le résultat : une grande claque dans les oreilles et la preuve, une fois de plus, qu’en musique l’âge du capitaine importe peu tant que celui-ci possède la même énergie qu’à ses débuts et la même curiosité pour parcourir et nous faire découvrir de nouveaux horizons.